Vitamine D et calcium : des recommandations simplifiées chez l’enfant
Le 11/02/2022
En raison de la fréquence des carences en vitamine D et en calcium, les médecins sont invités à établir un bilan des apports nutritionnels, quel que soit le motif de consultation.
Le déficit en vitamine D est très fréquent à tous les âges et touche 50 à 60 % des Européens. Les causes sont multiples : le surpoids, la sédentarité, l’utilisation d’écran total, le phototype foncé, une alimentation pauvre en vitamine D. Les carences sévères peuvent conduire au rachitisme.
En France, une étude conduite sur 38 patients, âgés en moyenne de 23 mois, montre une plus forte prévalence chez les garçons (74 %), originaires d’Afrique subsaharienne (50 %), d’Afrique du Nord (34 %) ou du Moyen-Orient (11 %).
78 % étaient nourris exclusivement au sein, et chez les enfants de deux ans ou plus, 22 % suivaient un régime pauvre en calcium.
Les motifs de consultation étaient la déformation des membres (63 %), des convulsions hypocalcémiques (21 %) ou un retard de croissance (11%).
Quelques recommandations :
Privilégier une supplémentation quotidienne
Les nouvelles recommandations de la Société française de pédiatrie visent une simplification et un alignement sur l’Europe.
Elles conseillent un apport de 400 à 800 UI par jour de vitamine D2 ou D3 pour les 0-2 ans et pour les 2-18 ans sans facteur de risque, et de 800 à 1 600 pour les 2-18 ans avec un ou plusieurs facteurs de risque.
Ces facteurs sont la malabsorption, la mal digestion, l’insuffisance rénale chronique, le syndrome néphrotique, la cholestase, l’insuffisance hépatique, la mucoviscidose, la fragilité osseuse secondaire, une pathologie inflammatoire chronique, l’anorexie mentale, une pathologie cutanée, la prise de traitements contre l’épilepsie ou de corticoïdes au long cours.
La diminution de la disponibilité ou de la prise de vitamine D nécessite une adaptation des doses. La vitamine D reste un médicament donc des questions se posent avant d’en prescrire : antécédents d’hypercalcémie, de lithiase, de néphrocalcinose, alimentation ou utilisation de compléments alimentaires.
Attention aux surdosages
12 cas de surdosages sévères chez des nourrissons ont été rapportés. Les signes cliniques sont principalement des signes digestifs (anorexie avec stagnation pondérale, vomissements, nausées, constipation, douleurs abdominales), une polyuro-polydipsie, des signes neurologiques (hypotonie, agitation, difficultés de concentration, confusion, troubles de la conscience, somnolence), de la fièvre chez le nourrisson. Quatre cas de complications cardiaques ont été observés (HTA, anomalies de l’ECG, arythmie), sept cas de néphrocalcinose et deux cas de complications osseuses.
Le traitement consiste en l’arrêt de la vitamine D, une alimentation pauvre en calcium (arrêt ou diminution transitoire de l’allaitement, lait et eau pauvres en calcium), une hyperhydratation PO ou IV, l’administration de biphosphonates IV et de kétoconazole.
L’évolution est bonne, avec une normalisation de la calcémie sous une semaine et de la vitamine D sous deux mois. Ces intoxications peuvent être dues à des erreurs de prescription, d’administration, de fabrication ou d’étiquetage des produits, ou au mésusage de compléments alimentaires, notamment achetés sur internet. Il est ainsi conseillé d’interroger les parents sur les compléments donnés et de formuler des recommandations claires et écrites.
Evaluer les apports en calcium
Pour le calcium, les recommandations sont de trois à quatre portions de produits laitiers par jour chez les 1-18 ans. Une supplémentation de 500 à 1 000 mg/jour doit être prescrite chez ceux consommant moins de 300 mg/jour. Le questionnaire de Fardelonne permet d’évaluer les apports, qui doivent être adaptés selon l’âge.
Le diagnostic de carence nécessite une évaluation des apports calciques alimentaires, des radios des poignets et des genoux, et une mesure du taux plasmatique de phosphatases alcalines (PAL), de parathormone (PTH), de 25(OH)D2, de calcium et phosphate, et l’excrétion urinaire de calcium. Cependant plus l’enfant est jeune, plus la phosphatémie est élevée, il faut faire attention aux erreurs de diagnostic.